Pourquoi Halloween ne fait toujours pas peur aux français ?

Cette semaine, nous évoquons Halloween. En effet, depuis le début du mois dans les rues de San Francisco, on peut voir fleurir les décorations sur les maisons, presque comme dans une compétition de quartier, une course pour le prix de la maison la mieux décorée. Mais qu’en est-il dans l’Hexagone ? Ayant grandi en Bretagne rurale, j’ai connu peu de gens qui faisaient cas de cette célébration, pourtant plus que populaire outre-Atlantique. Comment expliquer cette absence d’intérêt en France ?

À l’origine, Halloween dérive d’une fête celtique célébrée en Irlande et en Écosse. Elle est exportée aux États-Unis par les immigrés irlandais au 19ème siècle, où elle devient une célébration populaire et très commerciale.

La fête s’exporte en France bien plus tard, dans les années 1990, portée par la mondialisation et les marques (Coca-Cola, Disney…). C’est donc avant tout en France une fête commerciale : déguisements, bonbons, décorations… Mais le phénomène s’effondre dès les années 2000. Ayant grandi dans les décennies 2000 et 2010, je peux témoigner du manque d’enracinement de cette fête : jamais personne n’a sonné à ma porte pour me demander des bonbons ou un sort (trick or treat), et jamais je ne me suis non plus déguisée pour cette occasion. Peut-être était-ce une expérience proprement personnelle, liée au fait d’habiter loin des grandes villes, mais toujours est-il que cette célébration était longuement inexistante à mes yeux et à ceux de mes camarades d’école.

Halloween prend de l’importance en France à l’occasion de quelques soirées étudiantes ou dans des bars, fin octobre. Mais la majorité des français, de mon point de vue, considèrent cette fête comme “commerciale”, symbole du “consumérisme” américain, et donc loin de la tradition et de la fête intergénérationnelle qu’elle est ici.

De même, cette différence culturelle vis-à-vis de Halloween peut s’expliquer par le fait qu’en France, la Toussaint (Day of the Dead, Dia de los Muertos) a un caractère religieux fort, et sûrement perçu par certains comme incompatible avec l’esprit d’Halloween, beaucoup plus festif.
Toutefois, la célébration d’Halloween reste omniprésente en France, à travers des séries, des films d’horreur : Stranger Things, Wednesday… Peut-être cette célébration deviendra-t-elle plus importante, portée par la pop culture, dans les années à venir.